25 mars
(Lucie Bardiau -
Luc 4:16-21; Jean 3:16; Genèse
16:11,13)
*
Bonjour à tous, afin que ce message puisse être mis en ligne sur
notre site web, je suis obligé de parler anonymement de ‘notre sœur’
en parlant de la personne qui vient de donner son témoignage. Il me
faut éviter de citer des noms de personnes. Merci de votre
compréhension.
Le
témoignage de notre sœur m’a fait penser à un texte biblique, bien
connu.
Il se
trouve dans l’évangile de Luc, chapitre 4, versets 16 à 21 LSG.
« 16
Il se rendit à Nazareth, où il avait été élevé, et, selon sa
coutume, il entra dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva
pour faire la lecture, 17
et on lui remit le livre du prophète Esaïe. L’ayant déroulé,
il trouva l’endroit où il était écrit: 18
L’Esprit du Seigneur est sur moi, Parce qu’il m’a oint pour
annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; Il m’a envoyé pour guérir
ceux qui ont le cœur brisé, Pour proclamer aux captifs la
délivrance, Et aux aveugles le recouvrement de la vue, Pour renvoyer
libres les opprimés, 19
Pour publier une année de grâce du Seigneur. 20
Ensuite, il roula le livre, le remit au serviteur, et
s’assit. Tous ceux qui se trouvaient dans la synagogue avaient les
regards fixés sur lui. 21
Alors il commença à leur dire : Aujourd’hui cette parole de
l’Ecriture, que vous venez d’entendre, est accomplie. »
C’est
la première déclaration importante que Jésus fait, dans l’évangile
de Luc, au sujet de lui-même.
Dans
l’évangile de Jean, la première grande déclaration, même si c’est
lors d’une rencontre privée, c’est évidemment Jean 3.16 LSG « Car
Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique afin que
quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’il ait la vie
éternelle ».
Ces
premières révélations de Jésus, au sujet de sa personne, sa mission,
sont bien différentes.
Et
cela m’a amené à réfléchir, au sujet du salut.
Quel
est la nature du salut que Jésus veut amener dans ce monde ?
Jean
parle de la vie éternelle, de la délivrance de la loi, du jugement
divin à venir.
Le
récit de Luc permet d’entrevoir d’autres éléments, d’autres facettes
du salut. Qui concernent là non seulement la vie éternelle, mais
déjà la vie ici bas.
Jésus
apporte une bonne nouvelle aux pauvres, vient délivrer les captifs,
rendre la vue aux aveugles, renvoyer libres ceux qui ont le cœur
opprimé.
Et la
version Louis Segond qui se base sur encore d’autres manuscrits en
grec ajoute : pour guérir ceux qui ont le cœur brisé.
Ces
actions de Jésus concernent-elles l’éternité ?
Est-ce
qu’il y aura des pauvres dans les nouveaux cieux et la nouvelle
terre ?
Y
aura-t-il alors encore des captifs ? Des aveugles ?
Des
personnes opprimées, qui ont le cœur brisé ?
Non,
il n’y aura plus cela.
Remarquez que Jésus dit, lui-même, ici au verset 21 : « aujourd’hui,
cela est accomplit. »
Autrement dit : « Je suis là,
maintenant pour faire cela. »
Est-ce
votre expérience ? Déjà ?
Pour
beaucoup, l’Evangile, la bonne nouvelle se « limite », si je puis
dire ainsi, au pardon des péchés.
Mais
il y a tellement plus, à vivre, dés maintenant, pas que plus tard,
là-haut, dans le ciel.
Notre
sœur, dès son plus jeune âge, connaissait les évangiles. Elle a
toujours su que Dieu existait et de ce fait, qu’elle était
pécheresse, et que seul Jésus pouvait pardonner ses péchés et lui
ouvrir les portes du ciel.
Et
elle a accepté Jésus comme son Sauveur et Seigneur, à l’âge de 13
ans.
Jean
3.16, elle le connaissait alors déjà par cœur.
Mais
Luc 4.18-19, ce n’est qu’au cours des dernières années qu’elle l’a
pu pleinement le découvrir.
C’est
au cours d’une retraite chrétienne, avec une amie, qu’elle a pu
trouver cette véritable relation Père-fille avec Dieu.
A ce
moment là, elle a eu, je dirais, une révélation par le Saint Esprit
de qui Dieu pouvait vraiment devenir pour elle.
Plus
QUE le Dieu de l’Eglise, ou de l’assemblée, mais PLUS que le Dieu
des parents, que des cultes le dimanche, que des réunions
hebdomadaires dans un local. Plus QUE le Dieu qui sauve, mais un
Dieu Père qui s’occupe réellement de chacun d’entre nous.
Quelle
courage n’a-t-il pas fallu à notre sœur pour quitter son chez soi,
ayant plus de 50 ans, avec juste deux valises et aucune perspective
d’avenir ?
Sortir
de la maltraitance psychologique oui, mais pour aller vers quoi ?
Quel
avenir pouvait-elle espérer, attendre ?
Etait-ce du courage ou simplement un dernier ressort qui la tenait
en vie, qui lui a fait prendre la fuite ?
La
première fois que j’ai rencontré notre sœur, c’était le lendemain du
baptême de Delphine et Christophe, un dimanche très joyeux.
Quel
contraste le lundi, quand je rencontre un petit bout de femme, toute
recroquevillé, ayant peur de me regarder dans les yeux, les épaules
pliées vers l’avant, le dos courbé comme si tout le poids du monde
lui pesait.
Peu de
paroles, à un tel point que je me demandais si notre sœur était sous
influence de médicaments. Elle était dans un état tel que je me suis
posée la question s’il ne fallait pas là faire admettre en hôpital
psychiatrique.
Elle
était opprimé, elle était complètement captive, bien que sorti de
chez elle, et pas entre des barreaux.//
Vous
connaissez la suite : notre sœur a pu survivre, réapprendre à vivre,
reprendre goût à la vie, et ce parcours se poursuit.
Et
c’est exactement la réalisation de ces paroles de Jésus en Luc
4.16-21.
La vie
de notre sœur témoigne de cette réalité !
Elle
est devenue pauvre – tellement pauvre, plus qu’un sdf, logé à la
maison d’accueil temporaire, à passer ses journées dans sa voiture,
sans aucun autre lieu où aller.
Sauf à
la croix rouge, au secours populaire, aux restos du cœur etc.
Pauvre, en attente de bonnes nouvelles.
Mais,
effectivement, je la voyais rentrer – quand elle logeait déjà au
gîte - avec des caisses
d’aliments, bien plus qu’il n’en fallait, et elle faisait des
conserves pour les jours plus tard, sans savoir ce que l’avenir lui
réservait.
Pauvre, en attente de bonnes nouvelles.
Puis,
le juge, au cours de la procédure de divorce, lui diminuait la
pension alimentaire. Comment garder espoir ?
Où
étaient les bonnes nouvelles pour notre pauvre sœur ?
Elles
ont fini par arriver, le divorce étant réglé, le partage des biens
est en train de se faire, bien que pas terminé.
En
attendant, il y avait mille et une raison pour douter du Seigneur.
Cela
durait si longtemps…
Mais –
comme un bon Père sait donner espoir à ses enfants, notre sœur a vu
des clins d’œil du Seigneur, des provisions arrivant au bon moment,
même un aspirateur lui était réservé.
Quand
tout était au plus noir, il y avait chaque fois une lueur d’espoir.
Dieu
prend soin de ses enfants.
Jésus
disait aussi qu’il est venu pour proclamer aux captifs la
délivrance.
Sans
vivre entre des barreaux, libre de sortir et de rentrer, notre sœur
avait vécu chez elle comme en prison.
Il y a
des relations si toxiques qu’ils étouffent la personnalité de
l’autre.
C’est
une prison invisible pour les gens autour :
tout
le monde, la famille, les gens de l’assemblée, ignoraient ce que
vivait notre sœur réellement.
L’emprise psychologique est une prison, sans barreaux.
Peut-être quelqu’un aujourd’hui présent ici vit dans une telle
relation toxique, une prison à barreaux invisibles.
Le
message de Jésus est aussi pour toi : la délivrance est pour toi,
elle est possible.
Elle
n’est peut-être pas immédiate, pas sans passer par encore des
vallées encore très sombres, où on se demande s’il y a une issue, un
lendemain, une porte vers l’avenir.
Exactement, dans sa situation, notre sœur ne voyait pas d’issue.
Elle
était – aussi – aveugle : elle ne voyait pas d’avenir.
S’enfuir, c’est le reflexe qu’elle a eu. Mais sans savoir où elle
allait.
Chez
un couple d’amis, oui, pour quelques semaines, mais ensuite ?
Notre
sœur a été dans la situation de l’esclave d’Abram, la pauvre Agar.
Littéralement, notre sœur avait, au départ, le regard hagard !!!
Agar,
elle s’enfuit de chez son maître et s’arrête, en désespoir, dans le
désert// – mais près d’une source d’eau.
L’ange
de l’Eternel lui parle (Gn 16.11 et 13 SEM) : « Puis il ajouta :
Voici que tu attends un enfant : ce sera un garçon. Tu l’appelleras
Ismaël (Dieu entend) car l’Eternel t’a entendue dans ta détresse. »
Et v.
13 « Agar se demanda :
- Ai-je réellement vu ici même le Dieu qui me voit ? Et elle appela
l’Eternel qui lui avait parlé du nom de Atta-El-Roï (C’est toi le
Dieu qui me voit). »
Quand
tout va mal, là, l’ange de l’Eternel se manifeste à elle.
Et
Agar va appeler ce Dieu qui s’est manifesté à elle : le Dieu qui me
voit.
Et en
plus, ce Dieu lui a parlé, lui donne une promesse, celle de son fils
Ismaël, nom qui signifie : Dieu entend.
Le
Dieu qui me voit, le Dieu qui m’entend.
Celui
qu’on rencontre au plus profond de la misère.
Le
Dieu qui délivre de la situation, de la condition dans laquelle on
se trouve, le Dieu qui libère les captifs.
Je
retourne au texte de Luc qui dit aussi que Jésus est venu pour
renvoyer libre les opprimés.
C’est
encore une autre forme de libération.
Les
captifs, c’est comme les prisonniers de guerre, le butin.
Il y a
de ces relations où l’on pas vraiment partenaire, mais plutôt,
celui, celle qui est exploité. Traité comme un butin de guerre.
Mais
les opprimés, c’est encore autre chose.
Le mot
en grec renvoie littéralement à l’idée d’être cassé.
Plus
intact. En morceaux.
Libérer les opprimés, c’est recoller ensemble ce que les autres ont
cassé, rendre une unité, une dignité à la personne, lui rendre une
identité.
Tu
n’es pas que l’ensemble des pièces éparpillées.
Dieu
dit, en Jésus, tu as de la valeur pour moi, tu n’es pas cassé.
Si, tu
sembles l’être, mais je peux recoller les morceaux.
Et
enfin la dernière expression,
qu’on ne trouve pas dans tous les manuscrits anciens, et par
conséquent pas dans toutes les traductions de l’Evangile, elle dit
que Jésus vient aussi pour guérir ceux qui ont le cœur brisé.
Le mot
en grec a le sens de cassé, comme pour les opprimés, mais il y a en
plus la notion d’être piétiné, écrasé.
Humilié, mis plus bas que terre.
Un
cœur dans cet état.
Las
par des années de maltraitance psychologique, pour notre sœur.
Pour
d’autres, un cœur étouffé, pas écouté, une prison autre.
Guérir
veut dire alors : rétablir, consolider, raffermir.
Luc
cite le prophète Esaïe (ch 61 versets 1et 2) qui, lui, emploi pour
guérir, un mot hébreu voulant dire littéralement lier, fixer, nouer.
On est
vraiment dans la reconstruction.
Recoller les morceaux, rebâtir. Réparer, restaurer. C’est ce que
Dieu veut faire.
Jésus,
dans son ministère sur terre, va rencontrer des gens pauvres, des
aveugles, des opprimés, des gens au cœur brisé.
Il va
transformer leur vie. Par exemple, les aveugles et les lépreux.
Combien de miracles ne concernent déjà que ces deux catégories de
personnes ?
Les
aveugles, ce sont aussi des pauvres.
Sans
voir, on ne peut pas travailler, on ne pouvait qu’être pauvre.
Les
lépreux, ce sont encore des pauvres, exclus de la société, vivant de
ce qu’ils trouvaient, ne pouvant pas travailler non plus, étant
exclus de la vie sociale.
Jésus
rencontre des pauvres et des aveugles.
Il est
pour eux bonne nouvelle.
Il
leur rend leur dignité, il les restaure.
Dans
ce sens, il les sort de la prison sans barreaux où ils se trouvent,
captifs, opprimé, écrasé par leur malheur, les autres, la société.
Jésus
relève ceux qui ont été piétiné, humilié, qui ont un cœur en
miettes.
Voilà
ce que Jésus fait encore aujourd’hui.
Concrètement dans la vie de notre sœur.
Qui
est devenu pauvre, qui ne voyait pas d’issue, elle était comme
aveugle, elle était opprimé, écrasé, avait le cœur brisé, piétiné.
Le
témoignage de notre sœur aujourd’hui, c’est ce passage de l’évangile
de Luc 4.16-21 qui devient réalité sous nos yeux.
Dieu
est toujours le même.
Jésus
accomplit encore aujourd’hui toutes ces actions.
Libérer, annoncer de bonnes nouvelles, relever, rendre une dignité.
Le
message du salut ne se résume pas seulement au pardon des péchés, à
la vie éternelle.
Le
message de l’Evangile est Bonne Nouvelle aussi, aujourd’hui, pour
celui, celle qui souffre.
Dieu
entend, Dieu voit, Dieu restaure.
Aujourd’hui, je ne vois pas dans quel état vous êtes.
Peut-être comme notre sœur l’a été, pendant de longues années, en
donnant l’impression que tout allait bien.
Alors
que vous êtes peut-être captif mais derrière des barreaux
invisibles.
Vous
êtes peut-être pauvre, mais cela ne se voit pas.
Peut-être vous êtes aveugle : il n’y a plus d’avenir pour vous.
Ou
vous êtes opprimé, mis en morceaux par ce que la vie vous a réservé.
Ou
vous avez le cœur brisé, vous avez été piétiné, écrasé.
Le
message de Jésus, aujourd’hui, comme il le disait dans la synagogue
ce jour là, dont Luc nous parle, le message est toujours le même :
aujourd’hui peut se réaliser pour vous chacune de ces choses.
Vous
pouvez être libre, voir de nouveau, avoir de l’espoir, une dignité,
un avenir.
Le
message de l’Evangile, c’est tout cela.
C’est
le pardon des péchés, c’est la vie éternelle, mais c’est aussi être
restauré, guéri, rétabli par la puissance du Seigneur Jésus
aujourd’hui.
Quel
que soit votre état.
Peut-être invisible.
Comme
cela l’était pour les proches de notre sœur, pendant des années.
Il
vous faut faire un premier pas – nous sommes là pour vous aider.
Il y a
l’équipe pastorale, il y a les personnes formées et reconnues comme
conseillère en relation d’aide par l’ACC, une association nationale
pour la relation d’aide.
On
peut être chrétien depuis longtemps mais encore être aveugle,
pauvre, opprimé, brisé, captif.
Et
pour ceux parmi nous qui se portent bien, le message est simplement
qu’il vous faut dire, autour de vous, l’évangile en entier, le
pardon des péchés et la vie éternelle, oui mais aussi la bonne
nouvelle qu’est Jésus Christ pour la vie ici-bas. Qu’il change les
conditions de vie.
Et que
même s’il ne les change pas de suite, il change la qualité de vie
qu’on peut avoir, avec lui, et cela malgré les difficultés.
Comprendre l’objectif de Dieu pour votre vie, ça c’est réellement
une bonne nouvelle !
A nous
de l’annoncer !
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